Son inhumanité

Il sied au poète de chercher sans cesse des eaux toujours plus fraîches. Comment les trouve-t-il ?

Le commerce de la pensée est essentiellement fluviale : il passe par les eaux puissantes et troubles des fleuves. Sur ses avirons de papier, l’esprit humain s’enchante de filer à la force de ses bras ; il croit volontiers que le lit argileux des torrents assure l’assise de ses colosses d’innocence et de présomption. 

Le poète, lui, est bien plutôt un homme des rivières. Il est comme un sourcier dont le plaisir réside dans les souterrains et la clarté des filets d’eau.